« Le dernier arrivé au ruisseau est une mauviette ! »

Les deux enfants couraient à travers un prés fleuri. Tristan avait lancé le défit au moment même où ils avaient quittés la maison. « Ces deux là sont de vraies tornades », pensa Margot en souriant. Tristan était fort, robuste et volontaire. Akantor était tout en finesse, en souplesse et rusé comme une pie. Ensemble, ils partaient dans des expéditions chaque jour plus aventureuses. Visiter le bois, aller au village... se battre avec les autres enfants, aussi. Car certains camarades du village raillaient Akantor « l’Elfe », et il n’en fallait pas plus pour que Tristan le défende, souvent à coup de poings. Les traits elfiques du garçon avaient causé bien des commérages au village, ces années.

Cela faisait plus de six ans, que le serviteur elfe était venu. L’argent était épuisé depuis longtemps. Personne n’était jamais revenu chercher Akantor. Mais Margot craignait le jour où cela arriverait. Elle savait que son mari aussi, même s’il prétendait le contraire. Elle en était venue à considérer Akantor comme son enfant. Tristan et lui étaient inséparables. Quand ils étaient bébés, il suffisait souvent de les laisser ensemble pour qu’ils se calment et s’endorment doucement.

Tristan courait devant. Il était plus fort qu’Akantor, mais moins adroit et aux défis qu’ils se lançaient, ils gagnaient aussi souvent l’un que l’autre. Lorsqu’ils arrivèrent au ruisseau, ils se lancèrent sans attendre dans une bataille d’eau mémorable. En quelque seconde, ils furent complètement trempés.